Voulez-vous vivre pour toujours ?
Ghost in the machine, le titre de l’exposition au 21bis Mirabeau, espace culturel départemental, évoque la métaphore du fantôme et cette conception du dualisme cartésien séparant le corps de l’âme, âmes perdues du passé qui viendraient hanter le présent et le monde des vivants. Depuis, la croyance dans les fantômes devenus une figure populaire, s’est progressivement éteinte, mais reste toujours vivant le mystère de la mort et ce désir d’immortalité poursuivi par les transhumanistes.
Les oeuvres de l’exposition nous interrogent de manière poétique et sensible voire humoristique et ironique sur ce vieux rêve humain. A travers les motifs de la Vanité, du spiritisme, du spectre, du zombie, du portrait-souvenir, les artistes rappellent la courte durée de l’existence humaine tout en mettant en scène la prolongation de la vie humaine avec l’aide de la science et des technologies.
En inventant le phonographe considéré comme un instrument capable d’immortaliser la voix d’un individu par delà la mort, Thomas Edison est un des premiers scientifiques de l’ère moderne travaillant sur des machines capables d’immortaliser des composantes de l’être humain et de donner corps à ces formes spectrales et fantomatiques. Fasciné par la mort et la survivance de l’âme, Edison lui-même consacra les dix dernières années de sa vie au développement de son projet inachevé, le nécrophone, un appareil scientifique permettant de communiquer avec les morts.
Au fond dans leur évolution, les techniques modernes de communication – le téléphone, la radio, le cinéma, la télévision, l’informatique… – n’ont pas fait disparaître cette notion de spectre. Au contraire, ces machines démultiplient soudainement les occasions pour nos « fantômes » de venir hanter nos vies, enregistrent tout ce qui au-delà ou en deçà de la perception humaine, jusqu’à nous offrir aujourd’hui la possibilité d’immortaliser nos données, et créer nos propres avatars fantomatiques dans le réel.